Mali, état des lieux
Nos missions ont couvert une bonne partie de la moitié sud du Mali, du « rouge à l’orange », et dans une parfaite sécurité. Le Pays Dogon, lieu touristique éminent, est déserté par les voyageurs. L’économie tourne au ralenti et le secteur touristique est mort. Par ailleurs, beaucoup de maliens qui ont accueilli les réfugiés du nord, aujourd’hui repartis, ont partagé leurs réserves et vivent en conséquence dans une certaine insécurité alimentaire.
S’ajoutent à cela les mauvaises récoltes 2013 dans la moitié nord du pays à cause des pluies insuffisantes. En Pays Dogon la soudure sera difficile. La sécurité alimentaire entrera bientôt dans une phase critique , si l’aide étrangère n’y supplée pas. C’est ensemble de causes a un effet néfaste sur la santé et la fréquentation scolaire. Plus que d’habitude, les hommes vont chercher du travail ailleurs. Les maliens espèrent le ressaisissement de la classe politique et surtout la paix à l’intérieur des frontières du pays.
Rencontres avec Oumar Traoré, patron de L’Ecole d’Infirmiers de Sévaré- Mopti
L’école fonctionne bien et le nombre d’étudiants de la rentrée d’octobre 2013 est proche des effectifs des années d’avant les événements du Sahel. Nous avons pu rencontrer la boursière de 1ère année, apporter de nouveaux manuels pour le centre de documentation, un ordinateur et un appareil photo . Bientôt nous aurons les résultats du 1er trimestre de nos 6 boursiers.
Indépendamment des activités de l’école, dans le cadre de la formation et de la promotion des petits métiers, Oumar Traoré vient d’ouvrir sur le même site un atelier de coupe, couture et stylisme. 6 jeunes femmes suivent déjà les cours, dont une handicapée envoyée par un service social. Pour mémoire, en ville, ce métier est généralement réservé aux hommes.
Rencontre avec le médecin chef de l’Hôpital de Bandiagara, le Dr Boubacar Kouyaté
Les graves désordres et dysfonctionnements qu’a vécus le Mali ont mis un point d’arrêt au « Plan Santé » du pays. Un nouveau plan sera mis an application pour la période 2014-2019. Entre autres, cela impacte directement sur la reprise de création de postes d’infirmiers pour les nouveaux infirmiers diplômés par l’état, le recrutement régional se faisant sur les fonds PPTE (pays pauvres très endettés).
La toute neuve salle de radiologie fonctionnera en 2014. Ces derniers temps, il y a eu une baisse des consultations à l’hôpital et dans les Centres de Santé Communautaires (CSCom). La pratique de la contraception progresse très lentement, surtout à cause de la résistance des hommes. Officiellement, seulement 3% des femmes la pratiquent, mais certaines le font en se cachant. Heureusement la mortalité infantile est en léger recul, estimée à 8%, taux 2 fois supérieur que celle mesurée en ville. L’état malien vient de mettre sur rails des « agents de santé communautaire », des personnes affectées près de la population paysanne, qui se déplace difficilement. Un grand avantage : traitement plus rapide et sans déplacements du paludisme des enfants, ainsi que d’autres diarrhées, maladies respiratoires, malnutrition, et la consultation est GRATUITE.
Rencontre avec Mariam Ba directrice de l’Ecole de Santé « Le Bouctou de Bandiagara »
Sur la recommandation du Dr Kouyaté, qui collabore déjà avec cette nouvelle école, nous avons rencontré Mariam Ba directrice et infirmière de profession. Les formations concernent les infirmiers de 1er cycle, aides soignants et matrones. La formation de matrone se fait sur 9 mois et les frais de scolarité et perdiem sont évalués à 771€ environ. Le Dr Kouyaté recrutera pour « La Falaise » les prochaines candidates à la formation de matrones. Une fois diplômées, les matrones sont embauchées par les Mairies ou par les ASACO (association de santé communautaire).
Projet eau à Youga Piri, un des 3 villages du massif des 3 Youga
Depuis plusieurs années, « La Falaise » et le « GUSF » ont étudié la faisabilité de retenues d’eau de pluie en contre bas du village dans une zone d’éboulis. Des étudiants ingénieurs de l’EIVP ont fait des stages en Pays Dogon et le projet a pris forme. La mission de cette année a précisé et validé les 3 sites pour la construction de ces retenues. A partir des relevés faits la prochaine étape sera un appel d’offres d’entreprises. Cependant, il ne faut pas négliger les problèmes d’ingénierie qui restent à résoudre. Nous avons fait venir sur le site un entrepreneur de Bandiagara pour le sensibiliser. En effet la réalisation de ce projet soulève des problèmes d’ingénierie délicats. Délicat, car le site est en plein éboulis et donc avec des fuites possibles dans les réserves d’eau. Délicat, car les débits d’eau de crue et en moyenne annuelle ne sont pas bien connus. Délicat, car les moyens lourds et matériaux doivent être montés à dos d’homme et qu’il faut de l’eau pour le chantier alors que l’eau manque 8 mois par an. Projet délicat, car nous n’emploierons de manière visible que des matériaux du pays, c’est à dire de la pierre. Mais les risques inhérents à ce type de projet doivent être affrontés. Youga Piri est en plein pays protégé par l’UNESCO au titre du patrimoine de l’humanité. Rappelons ici que nous avons l’appui de toutes les autorités maliennes. Le partenariat avec le village est bien défini pour ce qui concerne la main d’œuvre et la formation au fonctionnement et à la maintenance de l’ouvrage. Avant l’été, nous aurons un projet chiffré et nous partirons avec le GUSF à la recherche de sponsors. GUSF : association Génie Urbain Sans Frontières est constitué par les élèves et anciens de l’école des ingénieurs de la ville de Paris (EIVP). Adrian Rosner y a été professeur. L’UNESCO soutient ce projet
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Mission d’Yves Le BARS, président du Comité Français de Solidarité Internationale du 03/01 au 12/01/2014
Adrian ROSNER a été associé à cette mission Cette mission a consisté en la prise de contacts et la visite des projets des MFR et du GERES présents au Mali. Les entités et localités concernées ont été respectivement :
La MFR de Baye, village du cercle de Bankass, région de Mopti,
La MF Urbaine de Mopti, capitale régionale,
La MFR de Fatoma, cercle et région de Mopti,
Les MFR de Kanico et Nangorola dans le cercle de Koutiala, région de Sikasso,
Le GERES à Koutiala et à Bamako, ainsi que l’AMEDD5, ONG malienne.
Notons simplement quelques informations.
Les MFR, mouvement parti de France, ont des activités d’enseignement autour de l’amélioration des procédés agricoles et des métiers tournant autour de l’agriculture et sont au nombre de 5 ou 6 au Mali, regroupées en fédération. En ce moment, il y a auprès du secrétariat national Malien des MFR une vingtaine de demandes de nouvelles créations de MFR.
La Maison Familiale Urbaine de Mopti est la seule du genre au Mali. En dehors du jardinage péri-urbain on y enseigne également des petits métiers comme la couture, la teinture, la fabrication du savon, l’aviculture, etc.
Dans le cercle de Koutiala nous avons eu de longs et instructifs contacts avec le GERES, ONG française présente sur plusieurs continents. Au Mali, le GERES fait des recherches et réalise des projets pour l’emploi de l’huile extraite des graines de jatropha dans les moteurs diésel (moulins de villages). A ce titre, le GERES travaille en étroite collaboration avec l’AMEDD et l’IRAM6 dans le cadre du «Projet ALTERRE».
A Bamako, le GERES développe des foyers à basse consommation de charbon de bois, la cuisine dans la sous-région se fait avec ce moyen. On peut par là limiter la déforestation rampante.
MFR : Maisons Familiales Rurales
GERES : Groupe Energies Renouvelables, Environnement et Solidarité
AMEDD : Association malienne d’Eveil au Développement Durable
IRAM : Bureau International de Recherches dans le développement rural
Les missions « La Falaise » et « CFSI » se sont terminées à Bamako par des entrevues avec M. Oumar Boubeye MAÏGA, attaché culturel à l’ambassade du Mali en France et représentant auprès de l’UNESCO et avec M. Lassana CISSÉ, Directeur National de Patrimoine au ministère de la culture.